La saison

Quelques atomes d’argent oxydés, des petits cailloux semés sur le chemin de
nos mémoires.
Des photos oubliées dans des cartons, comme des cairns sous la neige.

Nous sommes perdus dans le présent, les cailloux sont du pain... Pour trouver un chemin dans la forêt, il faut sans doute abandonner l’idée d’y retrouver notre maison,

et, au contraire, s’y « enforester », s’y enraciner, « retourner comme un gant » notre rapport au monde, inverser la gravité.
Entre l’ogre et le bercail, il y avait une piste pour la forêt que nous n’avions pas vue.

« Let it roll, let it crash down low
There’s a house down there but I lost it long ago »*

La mémoire est une matière vivante. Elle se transforme plus qu’elle ne s’altère. Les histoires ne sont pas des motifs dépassés quand elles échappent à la muséification
ou à l’industrialisation.
Quelle persistance ou actualité y a-t-il dans nos mythologies personnelles ou collectives ? Quel empêchement - au contraire quelle puissance - constituent- elles pour saisir politiquement notre situation ?

Ce sont ces questions-là que nous aborderons dans notre traversée.

Rendre vivant, être vivant, s’inscrire dans le vivant.
Rendre sensible le vivant.

Pour arpenter le chemin de la saison, La Vignette a invité de nombreux artistes en leur offrant de rester plus longtemps pour qu’ils aient le temps de ralentir.
En proposant des représentations supplémentaires pour chaque spectacle, en consacrant davantage de moyens au temps de recherche, de création, de rencontre avec le public, nous espérons faire de notre théâtre un espace habité tout au long de l’année, tout au long des soirées.

Nicolas Dubourg
Directeur de La Vignette