Les berges de nos imaginaires ont longtemps été celles d’une terra incognita.
Objet limite et pourtant inconnu vers lequel tend le désir, ces terres imaginaires ont longtemps aimanté les soifs de conquête, les élans amoureux, les volontés de savoir.
Aux terres australes de l’Antiquité ont succédé les tropiques « indiennes », les vallées andines, les sommets himalayens ou plus récemment le cosmos, repoussant l’inconnu vers de nouvelles limites à mesure que nos connaissances tentaient d’en prendre le contrôle.
Mais plutôt que de laisser se perdre le regard dans d’éternelles lignes de fuite, certains artistes ou penseurs cherchent aujourd’hui à renverser la lentille de leur microscope pour observer l'œil plutôt que la lamelle.
À la manière de Freud qui, en découvrant l’inconscient, avait amorcé une révolution copernicienne sur la psychologie, il s’agit d’interroger ce qui se joue dans le regard.
Celui que l’on porte sur notre environnement pour briser les imaginaires du déclin et de l’enfermement, ou celui que l’on ressent sur nous-mêmes quand la péremption des récits disponibles limite nos capacités à construire de nouvelles destinées.
Et si la terra incognita, le sauvage, n’avaient jamais été ailleurs que dans nos têtes d’humains ?
Cette question servira de guide à la traversée de nos 20 ans. Avec les artistes et les chercheurs qui gravitent autour de La Vignette, nous partirons en exploration tout au long de la saison et à la manière d’Antonio Pigafetta concernant le voyage de Magellan, nous en ferons Relation.
Nicolas Dubourg
Directeur de La Vignette